VERS LE CARRÉ MAGIQUE - 1984

ALBERT AYME - DORA VALLIER Edition TRAVERSIÈRE 128 pages, format 22x22 cm
22 illustrations couleur, 7 noir & blanc
26 croquis couleur et noir & blanc, avec
le dossier de travail manuscrit en couleur
Édition originale
20 € : COMMANDER

Bibliophilie :
n° 1 à 25 sur papier pur chiffon,
avec une Peinture originale d'Ayme

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Extraits du texte d'Albert AYME :

Apparition non préméditée mais en quelque sorte fatale du Carré Magique. Ici la pensée logique prend le relais de la pensée intuitive… Elaborer un tissu pictural de plus en plus serré. Dans ce but tenter d'établir un ensemble de relations mutuelles les plus logiques possibles entre les 3 couleurs primaires pour consolider leur multidimensionnalité. Créer une structure spatio-temporelle forte et cohérente pour renforcer son unité à travers le mouvement et la tension des 9 variations (3x3) qui la constitue.
Démarche tendant à concentrer mon travail antérieur, à le pousser à l'extrême limite de ses potentialités en vue d'accroître l'interpénétration de toutes les dimensions de l'œuvre grâce aux propriétés combinatoires du Carré Magique… Tel est le projet à réaliser, et dont le "dossier de travail manuscrit" va rendre compte : depuis sa conception, sa progression, pas à pas, pratique et réflexion confondues, jusqu'à la mise en forme définitive… Carré Magique : ensemble de chiffres ou de lettres placés en carré et ayant une signification ou un rapport dans tous les sens. Instauration d'un système mobile, d'ordre ternaire. Le jeu de tressage des 3 couleurs primaires, équilibrées dans tous les sens possibles, établit des rapports plus complexes et plus raffinés… Combinatoire des 3 structures formelles du carré et des 3 primaires, ces 2 tresses picturales fusionnant en une unique tresse indivisible, et animée par la tresse occulte d'un ordre arithmétique caché dans l'œuvre. Ce poème de 6 vers permutables et réversibles, de rythme ternaire inscrit 15 lectures anagrammatiques, dans tous les sens (horizontal, vertical, oblique) : une sorte de partition contrapunctique… Dans le "Carré Magique", grâce cette fusion transparente des 2 tresses, des 9 invariants de base permutatifs, on assiste à l'apparition de rapports chromatiques nouveaux qui peuvent être considérés comme des harmoniques de chaque primaire, soit : --la duplication de cette couleur primaire superposée à elle-même --superposée à ses propres complémentaires --superposée aux complémentaires des 2 autres primaires --superposée à chacun des 6 bruns… En définitive, jeu de 13 harmoniques pour chaque primaire, soit en tout = 39 harmoniques différenciées… Les voix sont dédoublées : on dispose de 6 voix au lieu de 3. La partition spatio-temporelle qui en résulte n'en devient que plus complexe, plus riche, et atteint de ce fait une extrême densité chromatique. Chaque "Carré Magique" est issu de 54 passages de couleurs. A.A.

Extraits du texte de Dora VALLIER :

COMMENT PARLER DE LA PEINTURE D'ALBERT AYME ?

Le regard est loin d'être le point de départ évident que l'on croit… Albert Ayme vise la mise à nu du fonctionnement de la peinture… L'effort entier porte sur la logique dont le geste de peindre va découler… Son fonctionnement détermine la vision qui serait au regard ce que la racine est à l'arbre…

Voilà qu'un peintre traque structures fondamentales et fonctionnement combinatoire là même où la contemplation esthétique domine encore. Téméraire entreprise que de soumettre celle-ci à des démonstrations ponctuelles, mais très significative en tant que marque du présent… Ce qu'il montre relève de la vision où le regard n'accède pas, alors que l'approche de la peinture par tradition est fondée sur ce que l'on voit… Cette même routine ne serait-elle pas l'obstacle majeur que rencontre le travail d'Albert Ayme auprès du public ?..

Ce peintre a pris un tel recul pour s'écarter de la subjectivité qu'il entraine à sa suite le spectateur, l'oblige à se tenir lui aussi derrière le tableau, dans le laboratoire conceptuel où formes et couleurs signalent les principes de leur propre fonctionnement. Nulle convergence n'est à espérer entre l'au-delà et l'en-deçà du tableau, nulle transposition d'un langage dans l'autre ne peut avoir lieu, nul message ne peut être perçu, si ce n'est, au loin, le constat que des lois vérifiables sous-tendent la peinture… Maître d'œuvre, Albert Ayme… cet incontournable recours à l'écriture du même coup invalide toute autre écriture sur sa peinture… La tradition est sapée, le discours critique court-circuité… Nous n'avons point l'habitude de penser la couleur. Voilà pourquoi, à l'écoute de Wittgenstein -convaincu que les couleurs incitent à penser- par ricochet, et le travail de ce peintre et sa lente mise en place s'éclairent… D.V. - Historienne d'art

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