TRIPLE SUITE EN JAUNE À LA GLOIRE DE VAN GOGH - 1987

ALBERT AYME - MICHEL BUTOR - MICHEL SICARD Edition TRAVERSIÈRE 130 pages, format 22x25 cm
32 illustrations couleur
22 croquis couleur et noir & blanc
Édition originale, publiée grâce au
mécénat de la Société Pébéo
Livre rare
50 € : COMMANDER

Bibliophilie :
n° 1 à 25 sur papier pur chiffon,
avec une Peinture originale d'Ayme

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"Brèves" extraites du dialogue Michel BUTOR / Michel SICARD "TOURNESOLS"

Michel Butor. La tonalité jaune est donnée au départ, comme dans une suite musicale… Il se dédouble, l'un est citron, proche du vert, l'autre est doré, proche de l'orange…

Michel Sicard.La monochromie apparaît comme une modulation sans cesse permutable dans un espace profond remué intensément… Nous constatons des différences de matières fortes, des zones d'étagement : nous avons au moins deux couches lisibles, quelque fois trois dans la ligne de contention…

M.B. Là, à cause de la proximité entre ces jaunes, nous aurons des phénomènes d'ambiguïté… et naturellement que ce soit un de ces jaunes qui passe sur l'autre produit des effets différents… Ainsi toujours une vibration…

M.S. Il y a des rimes à l'intérieur de l'œuvre… Tout un dialogue entre le dessus et le dessous, phénomène de rayonnement ou de réfraction… Cette peinture travaille sur des impondérables…

M.B. Nous avons une impression très forte d'élévation : la figure s'ouvre vers le haut… Avec ces constructions d'obliques, on pense évidemment au cubisme analytique : en produisant des mouvements, elles produisent aussi du relief, une profondeur…

M.S. Ainsi la première fois que j'ai vu cette série, ai-je pensé à un modèle très fortement cubiste, à cause du phénomène d'irrégularité calculée à l'intérieur de ce système d'obliques... Des faisceaux bifurquant, hésitant : un labyrinthe de tensions irrésolues, un ordre précaire de sillages compensés…

M.B. Dans la variation 3, que j'ai appelé "Moulin à vent" - ce qui nous rapproche à la fois de Van Gogh et de Mondrian -, nous avons quelque chose qui en tournant s'évase et fait penser aux "Tournesols" : ce sont des bouquets !

M.S. J'y verrai personnellement un néo-baroquisme, dans la mesure où domine un tournoiement, une circularité qui est censée produire un absolu, une tension maximale. C'est bien cela le "thème" de la Suite en Jaune : faire flamber extrêmement ces jaunes de Van Gogh, jusqu'à la folie inclusivement, pour rivaliser avec un problématique Absolu de la couleur…

M.B.Van Gogh part des tournesols, tandis qu'A.A. va vers des tournesols… À partir des Tournesols on va très vite aux soleils tournoyants de Van Gogh, donc à des soleils d'autres époques aussi, des soleils-fleurs on va aux soleils-gloire…

M.S. La couleur s'avance et se recule en nuances tonales … Quand A.A. affectionne de parler de structure "musicale" dans ses œuvres, c'est avec presque une dramaturgie, des coups de scènes et de coulisses, des effusions et du suspens…

M.B. C'est de la peinture, avec son côté charnel, sensualité de la couleur et du papier, luminosité venant des jaunes… Il y a aussi une musicalité abstraite : la mise en évidence de structures fondamentales, renversements, répétitions, canons, réponses… des phénomènes de miroir avec retard, d'écho… M.S. Ne peut-on aller plus loin dans la métaphore, en regard de la rythmique des obliques, créant un certain nombre de mesures à l'intérieur de l'espace, qui correspond à des passages, des résonances, des timbres ?

M.B. Chez A.A., on verra une violence émotionnelle, et la référence à Van Gogh l'indique immédiatement, mais aussi un côté maîtrisé. Plutôt qu'à Schœnberg, cela fait penser à Webern : le caractère cristallin, la métaphore du cristal, s'impose pour ces œuvres là.

M.B. - Écrivain // M.S. - Écrivain, critique d'art

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