STRATÉGIES PICTURALES - 1990

ALBERT AYME Edition TRAVERSIÈRE 92 pages, format 21x27 cm
5 illustrations couleur, 13 noir & blanc
18 croquis couleur et noir & blanc
Édition originale, publiée aux dépends
de quelques amateurs de l'œuvre
17 € : COMMANDER

Bibliophilie :
n° 1 à 25 sur papier pu chiffon,
avec une Peinture originale d'Ayme

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Extraits du texte d'Albert AYME :

"Quand on parle peinture il faut parler problèmes ! La peinture n'est que recherches et expériences". - Picasso Klee dans sa Conférence d'Iéna de 1924 : "Nous ne disposons pas en effet des moyens qui nous permettent de parler en termes synthétiques d'une simultanéité pluridimensionnelle". La méthode de superposition transparente est née du sentiment de ces insuffisances. Elle aspirait à donner une solution pertinente à l'interrogation de Klee…

Le processus de création et son produit définitif coïncident indissolublement dans la structure transparente d'une œuvre, qui déroule l'histoire intégrale de sa création (méthode pongienne)… Grâce à elle je substitue à des procédés empiriques l'application d'un principe chromatique rigoureux… "Tout est encore plus strict, et, pour cette raison, tout est devenu encore plus libre". (Webern) Nouvelle conception de l'intervalle pictural sans antécédent dans les arts plastiques. Cet intervalle en effet, n'agit pas seulement sur la physique de l'œuvre. Il a une action génésique déterminante… Cette division tonale propage et condense l'espace graduellement, rythme un espace expansible dans une étendue réversible non plus seulement linéaire (diachronique), mais pluridimensionnelle (synchronique)…

Chaque fois qu'il sera possible à la pensée picturale d'effectuer un saut d'ordre qualitatif (on pourrait ici parler de mutation) les valeurs chromatiques et sensorielles se trouveront nécessairement subordonnées aux valeurs structurelles et mentales… Cette synergie latente accroît le potentiel d'investigation du peintre sur le matériau pictural. Il accède ainsi à une polyvalence…

Système ternaire très élaboré qui n'a d'équivalent, me semble-t-il, que dans la musique, et qui apparait comme le noyau générateur de toute ma démarche picturale, j'ai cherché à occuper la place virtuelle du peintre générique. Peut-être faudrait-il voir dans cette ambition l'esquisse d'un mouvement de transition vers une conscience baroque, c'est-à-dire de l'individuel autonome à l'ensemble infini.Passage d'une structure spatiale statique à une matrice multipolaire ouverte et mobile… Je veux parler d'un art abstrait véritable, qui soit autre chose que la reproduction tautologique d'une même toile, toute une vie durant !.. Quoiqu'il en coûte l'Art doit rester une "aristocratie". Toute carrière (mot répugnant) est déshonorante…

Impossible dans une œuvre de transiter de la figure à l'abstraction. Ce passage ne s'opère jamais par la pratique mais dans l'esprit. C'est une rupture mentale… Car le langage spécifique, proscrivant tout signifié extra-pictural est inapte à s'élaborer par simplification, réduction, désintégration voire élimination du motif figuratif d'origine… Mon passage indispensable à l'abstraction en 1960 a donc été négocié dans les affres d'un saut dans l'abîme…
A succédé l'expérience aride d'une recherche intense et sans fin et qui transcende ma personne… Une aperception des problèmes picturaux dans leur généralité, la plus proche possible de l'orbite de leur loi… La forme de pensée qui s'y initie en est toute changée… Les capacités opératoires ont été déterminantes……

En conclusion je pourrai lapidairement résumer ce qui distingue pour moi essentiellement ces deux formes d'art que j'ai pratiquées successivement, par cette formule :

Dans la figuration on "baigne"
Dans l'abstraction on plonge. A.A. 1990

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